« Ma fille ne marche pas encore, le fils de la voisine, lui, court déjà partout. Non pas qu’elle ne soit pas sage, au contraire, mais je m’inquiète un peu… »
En tant que kinésithérapeute, j’ai entendu de nombreuses fois ce genres d’inquiétudes. De la part de patients, mais aussi d’amis ayant la joie d’être parents. Chaque enfant à son propre rythme. Si l’un parle à 18 mois, sa sœur ne commencera peut-être qu’à 2 ans. Et si le petit voisin marche à 11 mois, le vôtre peut tout à fait ne se décider qu’à 24 mois sans qu’aucun problème médical ne soit en cause. Celui qui à 2 ans ne marche pas encore mais explore la maison à quatre pattes et escalade les meubles est tout à fait normal. La croissance de chacun est unique.
Est-ce qu’il n’y a vraiment aucune raison de s’inquiéter ?
Rares sont les véritables soucis, et bien souvent il est facile d’aider l’enfant à franchir l’étape qui le gêne. Pour ma part, le signe d’alerte c’est l’enfant qui ne bouge pas. Celui qui reste immobile assis sur un tapis ou une chaise, comme paralysé par la peur de tomber. C’est aussi le petit de 5 mois posé sur le ventre qui ne cherche pas à se redresser, à se retourner…
Or, si j’interroge alors les parents sur leurs habitudes je vois bien qu’ils font de leurs mieux pour aider leurs enfants. Ils l’assoient entouré de coussins pour éviter que le petit ne se fasse mal en tombant, lui propose un « baby-trotteur » pour le soutenir dans la marche… La nature est merveilleusement bien faite, et lorsqu’on laisse l’enfant essayer sans le forcer il finit par trouver la solution tout seul. Les meilleures intentions du monde peuvent parfois malheureusement créer des difficultés.
Le bébé qu’on pose assis sans qu’il ne sache lui-même comment le faire est comme un funambule en équilibre instable. Il aura peur de tomber et ne pourra pas récupérer les jouets autour de lui ou s’allonger s’il est fatigué. Il va parfois se mettre à sauter sur ses fesses pour se déplacer… pas très commode. L’enfant coincé dans son « baby-trotteur » ne peut pas se reposer, changer de position… Ses hanches ne sont pas prêtes à soutenir son poids, il n’apprend pas à chercher son équilibre.
Comment aider mon petit, du coup ?
En lui faisant confiance, en le laissant explorer son environnement. Vous pouvez jouer avec lui au sol, allongé sur le ventre, sur le dos… prenez du plaisir ensemble. Imaginez des jeux avec la fratrie, riez ensemble… Ne cherchez pas à brûler les étapes, chacune est l’occasion de nouvelles découvertes et de nouveaux jeux. Elles permettent à l’enfant de développer son équilibre et ses muscles. Profitez ensemble, il grandira bien assez vite, non ?
Lorsqu’il grandit, on peut lui apprendre à monter et descendre en toute sécurité les escaliers plutôt que lui interdire. Le jour où vous oublierez de fermer la barrière aucune chute n’arrêtera la journée.
Si vous êtes vraiment inquiète parlez en avec votre médecin. Un kinésithérapeute peut vous montrer quelques jeux à faire ensemble qui pourront débloquer certaines situations.
Mais surtout je crois qu’il faut vous faire confiance et faire confiance à votre enfant, il sait parfaitement comment s’y prendre. Il est unique et pleins de ressources. Un bébé qui joue m’étonne toujours par l’ingéniosité et l’énergie qu’il déploie à rentrer en contact avec ses parents, ses frères et sœurs, etc. C’est vraiment merveilleux à regarder !
Pour aller plus loin : De la naissance aux premiers pas, par Michelle Forestier. Une lecture qui peut vous aider à comprendre comment votre petit bout grandit et comment l’accompagner au mieux dans sa croissance:
Camille Duparc