A qui appartient le corps des femmes ? Question intéressante qui demande dans un premier temps de s’interroger : mon corps, est-ce un objet ? Est-il dissociable de moi ? Suis-je simplement un esprit dans une enveloppe corporelle ? Puis-je dissocier complètement mon moi et mon corps ?
Un rapport du Fonds des Nations Unies pour la Population publié en 2021 définit l’autonomie corporelle (ou pouvoir et liberté de disposer de son corps) comme « le fait d’avoir la capacité et les moyens de faire des choix concernant son corps et son avenir, sans violence ni contrainte ». L’autonomie corporelle semble donc définir en filigrane que nos corps nous appartiennent chacun. Peut-on réellement affirmer que le corps des femmes appartient à quelqu’un ? Et plus encore, pouvons-nous affirmer que notre corps nous appartient ?
L’appartenance du corps, une histoire de sexualité ?
Ce même rapport ajoute que l’autonomie corporelle désigne le fait de « décider si l’on souhaite ou non avoir des relations sexuelles, quand et avec qui ; de décider si l’on souhaite ou non concevoir un enfant, quand et avec qui. ». La maitrise de la sexualité et de la fertilité semble donc avoir une place majeure dans la question de l’appartenance du corps des femmes. Maitriser ma sexualité, est-ce une preuve que mon corps m’appartient ? Le droit à la contraception mais également l’ouverture du droit à l’avortement souvent brandis comme le droit des femmes à disposer elles-mêmes de leurs corps nous interroge sur cette conception de l’appartenance du corps.
Cette capacité à maitriser ma sexualité me permet-elle d’affirmer que mon corps m’appartient ? Parce que je maitrise mon corps, en l’occurrence ma fertilité et ma capacité ou non à donner la vie, je peux affirmer que celui-ci m’appartient ?
Le corps des femmes appartient-il à la société ?
Quand on observe la place que le corps – et principalement celui des femmes – occupe dans notre société, on se rend compte assez rapidement que les publicités, les magazines et plus largement le règne de Photoshop impactent notre vision du corps de la femme. Ainsi, consciemment ou inconsciemment, bon nombre de femmes vont chercher à répondre à des critères sociaux (taille, poids, bronzage, couleur de cheveux, manière de s’habiller…). En ce sens, on peut se questionner et chercher où se situe notre liberté par rapport à ces normes imposées quasi quotidiennement. Mon corps m’appartient-t-il lorsque je suis contrainte de suivre une mode ?
Mon corps, ma propriété?
Finalement est-ce que je peux réellement affirmer que mon corps m’appartient ? En réalité, même s’il est indéniable que j’apparais comme la personne la plus concernée par mon propre corps, il y a beaucoup de choses que je ne contrôle pas… Cela ne signifie pas pour autant que mon corps peut appartenir aux autres ! Est-ce que je peux dire que mon corps est ma propriété ? Mon corps est bien plus que ça ! En réalité j’en suis responsable, il m’est confié, je dois en prendre soin ! Et pour cette même raison, pour respecter mon corps, je dois m’opposer à toute entrave, à toute autre personne qui voudrait l’asservir.
Et si je considérais mon corps comme un cadeau que je reçois et non pas comme quelque chose que je détiens et qui m’appartient ?
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. »
Genèse 1, 27
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